Budget 2025 : Vers une fiscalité plus juste et économiquement viable

Thumbnail [16x6]

Le projet de loi de finances pour 2025 marque une nouvelle étape dans la stratégie fiscale du gouvernement, mêlant ajustements ciblés et mesures inédites. Les ambitions affichées : renforcer l'équité entre les contribuables, encourager certains comportements économiques et, surtout, combler un déficit budgétaire toujours sous tension.
 

Un coup de pouce pour les revenus moyens, une pression accrue sur les plus aisés
Les particuliers verront leurs impôts légèrement modulés. L’indexation des tranches de l’impôt sur le revenu sur une hausse de 2 %, en phase avec l’inflation prévue, offrira un léger soulagement aux ménages modestes et moyens.
 

Mais pour les hauts revenus, l’effort sera amplifié. L’instauration d’une contribution différentielle sur les revenus fiscaux de référence (RFR) supérieurs à 250 000 € pour une personne seule ou à 500 000 € pour un couple garantit une imposition minimale de 20 %. Ce dispositif, prévu pour durer jusqu’en 2026, cible les foyers les plus aisés, avec des ajustements subtils pour éviter d’impacter injustement les revenus proches des seuils.
 

Un durcissement pour les propriétaires bailleurs de meublés
Dans l’immobilier, l’État met fin à une certaine "sérénité fiscale" pour les loueurs en meublé. Désormais, les amortissements déduits au fil des années devront être réintégrés dans la plus-value imposable lors de la revente des biens. Ce revirement fiscal, qui pourrait freiner les investissements dans le locatif meublé, s’inscrit dans une volonté de rationaliser les niches fiscales.
 

Les dirigeants et entrepreneurs au centre des attentions
D’un autre côté, les dirigeants d’entreprise bénéficieront d’un répit. L’abattement exceptionnel de 500 000 € sur les cessions de parts pour les départs en retraite, initialement prévu pour disparaître fin 2024, est prolongé jusqu’en 2031. Ce geste vise à encourager les transitions sereines au sommet des entreprises, un enjeu clé pour la pérennité économique.
 

Les entrepreneurs utilisant des BSPCE (bons de souscription de parts de créateurs d’entreprise), en revanche, devront faire face à des restrictions. Ces outils d’intéressement ne pourront plus être logés dans des dispositifs d’épargne comme les PEA, ce qui pourrait réduire leur attrait dans certains montages financiers.
 

Les entreprises sous la loupe du fisc
Côté entreprises, le report de la suppression de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) à 2030 est une décision marquante. Si sa réduction progressive offre un souffle aux PME, la contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises (chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard d’euros) s’annonce bien plus contraignante.
 

Cette nouvelle taxe, avec des taux allant jusqu’à 41,2 % pour les entreprises les plus imposantes, marque une volonté explicite de capter une part plus importante des ressources des géants économiques. À cela s’ajoute une taxe de 8 % sur les rachats d’actions suivis de leur annulation, visant à limiter des pratiques jugées peu contributives à l’économie réelle.
 

Un équilibre délicat
En filigrane, ce budget reflète une ambition politique : apaiser les classes moyennes, inciter les grandes fortunes et les multinationales à contribuer davantage, tout en évitant de compromettre la compétitivité des entreprises françaises. Mais la frontière entre ajustements fiscaux et freins économiques reste fine, et ces mesures pourraient susciter des réactions mitigées de la part des acteurs économiques et des contribuables concernés.
 

Le projet de loi de finances pour 2025, bien qu’ambitieux, s’apparente donc à un exercice d’équilibrisme. Reste à voir si ce pari fiscal saura tenir ses promesses sans trop ébranler les piliers économiques du pays.